Germinie Lacerteux
Book Description
Extrait: Le public aime les romans faux : ce roman est un roman vrai. Il aime les livres qui font semblant d'aller dans le monde : ce livre vient de la rue. Il aime les petites oeuvres polissonnes, les m�moires de filles, les confessions d'alc�ves, les salet�s �rotiques, le scandale qui se retrousse dans une image aux devantures des libraires: ce qu'il va lire est s�v�re et pur. Qu'il ne s'attende...
MoreExtrait: Le public aime les romans faux : ce roman est un roman vrai. Il aime les livres qui font semblant d'aller dans le monde : ce livre vient de la rue. Il aime les petites oeuvres polissonnes, les m�moires de filles, les confessions d'alc�ves, les salet�s �rotiques, le scandale qui se retrousse dans une image aux devantures des libraires: ce qu'il va lire est s�v�re et pur. Qu'il ne s'attende point � la photographie d�collet�e du Plaisir : l'�tude qui suit est la clinique de l'Amour. II.Le public aime encore les lectures anodines et consolantes, les aventures qui finissent bien, les imaginations qui ne d�rangent ni sa digestion ni sa s�r�nit� : ce livre, avec sa triste et violente distraction, est fait pour contrarier ses habitudes et nuire � son hygi�ne. Pourquoi donc l'avons-nous �crit ? Est-ce simplement pour choquer le public et scandaliser ses go�ts ? Non. Vivant au dix-neuvi�me si�cle, dans un temps de suffrage universel, de d�mocratie, de lib�ralisme, nous nous sommes demand� si ce qu'on appelle �les basses classes� n'avait pas droit au Roman; si ce monde sous un monde, le peuple, devait rester sous le coup de l'interdit litt�raire et des d�dains d'auteurs qui ont fait jusqu'ici le silence sur l'�me et le coeur qu'il peut avoir. Nous nous sommes demand� s'il y avait encore, pour l'�crivain et pour le lecteur, en ces ann�es d'�galit� o� nous sommes, des classes indignes, des malheurs trop bas, des drames trop mal embouch�s, des catastrophes d'une terreur trop peu noble. Il nous est venu la curiosit� de savoir si cette forme conventionnelle d'une litt�rature oubli�e et d'une soci�t� disparue, la Trag�die, �tait d�finitivement morte; si, dans un pays sans caste et sans aristocratie l�gale, les mis�res des petits et des pauvres parleraient � l'int�r�t, l'�motion, � la piti�, aussi haut que les mis�res des grands et des riches; si, en un mot, les larmes qu'on pleure en bas pourraient faire pleurer comme celles qu'on pleure en haut. Ces pens�es nous avaient fait oser l'h
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